lundi 22 avril 2019

PAROLES D'ELEVES

Après leur travail de restitution, les élèves qui ont participé au voyage d’étude à Auschwitz-Birkenau se sont vus proposer par leurs professeurs encadrants un questionnaire conclusif, dans lequel ils pouvaient exprimer ce qu’ils avaient personnellement ressenti en se rendant sur ces lieux.
Voici quelques témoignages de cette expérience humaine et émotionnelle unique qu’ils ont vécue.


1) Pourquoi avez-vous choisi cette restitution de votre voyage d'étude à Auschwitz-Birkenau ?

Elias [restitution sonore] : il fallait une restitution sonore parce qu’on ne peut pas montrer ce qui s’est passé là-bas, même par la photo ou l’illustration. Pour essayer d’imaginer comment c’était, il faut passer par autre chose que la vue.
Lilou [restitution à la pastel] : Moi je trouve qu’une photo, c’est trop simple. Il n’y a pas assez d’émotion dedans. On peut faire passer plus de choses dans le dessin.

2) Quel est votre /vos moment/s le/s plus marquant/s de ce voyage (pas plus de 3) ?

Charline [carnet « Birkenau de l’intérieur »]: le tas de cheveux m’a mise très mal à l’aise. Parce que c’est ce qui permet de reconnaître une personne, c’est une marque de l’humain. De féminité, aussi, souvent. J’avais envie de quitter la pièce où ils étaient. Au début j’en avais vu qu’une partie, puis je me suis retournée, et quand j’ai vu tout le tas entier ça m’a fait un choc. Je n’avais jamais ressenti ça avant.
Alice [restitution sur l’Appel] : Moi c’est le four crématoire à Auschwitz I, et surtout les traces d’ongles sur les murs. Ce sont les dernières traces d’une vie qui s’accroche de toutes ses forces.
Clément [restitution sur l’arbre de Birkenau] : Moi c’est lorsque la nuit est tombée à Auschwitz I, alors qu’on y était encore. A chaque croisement on avait peur que quelqu’un surgisse, c’était angoissant. Il y avait une atmosphère de danger, de menace. En se retournant, on ne voyait plus que le mirador. En plus, on était entourés par les barbelés. C’était comme si la nuit refermait le camp sur nous… Comme si on était devenu des prisonniers. La perte des repères visuels de nuit faisait qu’on pouvait tout imaginer. Toutes les perspectives, qu’on arrivait pas bien à distinguer, ça faisait qu’on était en état de vigilance permanente, comme si on devait surveiller partout.
En plus, on était le dernier groupe dans le camp, tous les autres groupes des autres lycées étaient déjà retournés au car.
Les 500m de parcours pour retourner au car, de nuit, avec tous les blocs alignés dans les allées perpendiculaires, c’est une image que je n’oublierai jamais. Ca faisait vraiment peur.

3) A qui avez-vous parlé en premier de ce que vous avez vécu ? Que pouvez-vous dire de cet échange ?

Madison [restitution sur l’Appel] : Avec ma sœur, qui est un peu plus âgée que moi. Elle a 20 ans et elle a beaucoup étudié la question des camps. Du coup elle m’a posé des questions, m’a demandé des détails. Tout en lui parlant, je me sentais un peu triste, choquée, même, mais je pense que c’était le moment de ma vraie prise de conscience de tout ce que j’avais vu, parce qu’on ne peut pas se rendre compte tout de suite. C’était comme si ce que j’avais vu m’avait un peu changée, que je n’étais plus tout à fait la même avant et après être allée voir Auschwitz.
Erine  [restitution carnet numérique sur Birkenau] : moi c’est à ma mère que j’en ai parlé en premier. Elle était elle-même choquée par ce que je lui expliquais, elle a mesuré ce que je venais de vivre. Elle s’intéresse beaucoup à l’histoire de la Shoah, du coup elle m’a posé beaucoup de questions, on a parlé. Elle m’a dit que selon elle j’avais beaucoup de chance, une chance unique, même, d’avoir vu tout ça de mes yeux, d’avoir fait ce voyage d’étude à Auschwitz. C’est ce que je pense aussi.

4) Vous attendiez-vous à ce que vous avez vu et perçu,vécu ? Quelles ont été vos impressions, sensations ?

Alice : On ne peut pas s’attendre à ça…
Elias : S’attendre à ça ? Oui et non. Je savais dans quel lieu j’allais. Mais ça ne veut pas dire pour autant que je n’ai pas été profondément choqué. Je l’ai été. Pour moi c’était un peu comme une épreuve nécessaire, importante, à laquelle il fallait faire face, qu’il fallait vivre. Je savais que ce serait un voyage pas comme les autres.

6) Comment concevez-vous votre rôle de "passeur de mémoire ", auprès de votre famille, de vos amis, de vos camarades au sein de l'établissement ou en dehors ?

Charline : Moi j’ai fait un exposé de ce que j’avais vu à mes camarades de classe, à mon retour, en m’aidant des photos que j’avais prises, et en leur expliquant le mieux possible, le plus précisément possible.
Elias : Je pense qu’il faut en parler dès que les conditions s’y prêtent, si l’on nous pose des questions, ou si des gens disent des choses fausses sur les camps. Il faut essayer de rectifier les absurdités, les erreurs, les bêtises qu’on peut parfois entendre sur la Shoah et les camps, ou même certaines horreurs, comme des propos antisémites, la négation de la Shoah. C’est important de ne pas laisser dire ou passer ce genre de choses.

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